Le sens du toucher chez le chien : une experte nous explique 

Autrice – Amy Learn 

Vous êtes-vous déjà demandé, « comment les chiens perçoivent le monde qui les entoure ? ». Si oui, sachez que vous n’êtes pas seul. D’autres personnes se questionnent sur les sens dont disposent les chiens ! Et c’est une question très importante. Dans la société d’aujourd’hui, les animaux de compagnie sont des membres à part entière de la famille : nous les aimons, et leur bien-être est très important pour nous. Mais pour comprendre leurs besoins, il nous faut nécessairement comprendre comment ils communiquent avec nous, et comment ils perçoivent le monde. 

Celui-ci est le quatrième d’une série de 5 articles sur les cinq sens du chien qui expliquent comment nos chers toutous perçoivent le monde qui les entoure. Dans l’article du jour, nous allons voir comment les chiens ressentent le toucher ! 

Le sens du toucher chez le chien  

Le sens du toucher chez le chien est un concept assez différent de ce qu’il peut être chez l’être humain. D’un point de vue théorique, les informations sensorielles chez un être humain concernent le toucher, la température, la pression et les stimuli nocifs, et elles aident également le cerveau à déterminer où se trouvent les différentes parties du corps dans l’espace. Des récepteurs présents sur la peau et dans d’autres tissus transmettent l’information au cerveau par le biais des nerfs et de la moelle épinière en empruntant une voie nociceptive spécialisée. Cela permet au sujet d’interpréter une sensation et de déterminer la manière dont il convient d’y répondre.  

Curieusement, nous avons beaucoup plus de récepteurs du toucher que les chiens. Et de ce fait, notre sens du toucher est très fin et précis, surtout au niveau de la pulpe des doigts ! De leur côté, les chiens ont une sensation du toucher plus généralisée. Ils n’analysent pas les choses en les attrapant avec leurs pattes, mais ils vont plutôt utiliser leur bouche pour saisir et soulever un objet. Ensuite, ils combinent ce sens avec d’autres sens dont ils disposent pour rassembler des informations. Contrairement à ce que l’on a l’habitude de croire, cela ne signifie pas que les chiens sont insensibles à la douleur. 

Le gène MC1R et la douleur  

Le chien est un animal sensible : bien que le sens du toucher du chien soit moins fin que le nôtre, notre compagnon à quatre pattes ressent tout de même la douleur et d’autres émotions spécifiques comme n’importe quelle créature. Cela étant dit, l’intensité exacte de la douleur ressentie varie certainement selon les individus, puisque certains animaux sont considérés plus stoïques que d’autres. Le débat reste toutefois ouvert sur ce dernier point. On peut affirmer qu’une maladie ou une blessure réduiront les chances de survie d’un chien dans la nature, et que de ce fait, il est capable de les dissimuler jusqu’à ce que la douleur dépasse sa capacité à compenser. Cela peut se traduire par une baisse de l’activité, une propension à se cacher, à interagir moins souvent, voire une augmentation du halètement, de l’agitation ou de l’agressivité. 

On peut avancer qu’il y a très probablement des raisons génétiques aux différentes façons de percevoir la douleur. Mais les recherchent se poursuivent sur cette question. Chez l’humain, le gène récepteur melanocortin-1 contrôle la pigmentation de la peau, la couleur des cheveux et la sensibilité à la lumière du soleil. Des études ont montré que des êtres humains présentant certaines variations de ce gène auront un seuil de résistance à la douleur bien moindre et un besoin plus important d’anesthésie. De même, ce gène a récemment été identifié chez certaines lignées de labradors. Des recherches sont actuellement en cours pour déterminer s’il existe d’autres liens génétiques entre certaines races de chiens, leurs sens de manière générale, et leur sensibilité à la douleur. 

Système vestibulaire et équilibre 

Un autre moyen pour le chien de ressentir le monde se trouve dans son système vestibulaire. Il s’agit concrètement du mécanisme du corps pour maintenir la posture et l’équilibre. Lorsque je pense à un chien, je l’imagine comme un athlète robuste, capable de chasser et de se faufiler entre les arbres comme un courant d’air qui évite les obstacles. Les chiens sont vraiment bâtis pour la performance ! Leur colonne vertébrale est flexible et leur permet une grande variété de mouvements, pendant que la queue fait office de gouvernail et les aide à maintenir une bonne trajectoire.  

Les mammifères ont un système unique, qui porte le nom d’appareil vestibulaire, situé dans les profondeurs de leurs canaux auditifs. Cet appareil comprend 3 conduits semi-circulaires qui contiennent un liquide spécial. Et c’est la coordination du mouvement du liquide à l’intérieur de ces conduits qui détermine le sens de l’équilibre du chien. 

Rayonnement thermique 

À l’image de la pulpe de nos doigts, la partie sans poils de la truffe du chien est l’une des plus innervées de son corps. Une étude a récemment été menée pour déterminer si la sensibilité du nez du chien avait des fonctions plus spécialisées. D’autres vertébrés utilisent leur nez pour détecter des stimuli thermiques ou chimiques qui pourraient leur permettre de discriminer de la nourriture ou encore de guider leurs mouvements. Il s’est avéré que les chiens peuvent détecter des rayonnements thermiques de faible intensité en utilisant le sens du toucher avec leur nez, mais l’étude n’a pas déterminé dans quel but cette information était utilisée. 

Pistage magnétique 

Les humains utilisent des champs magnétiques pour s’orienter dans la nature et, les étoiles mises à part, cela a été l’un des premiers moyens pour les explorateurs de trouver leur chemin. De la même manière, les chiens utilisent le magnétisme pour ressentir le monde. Une étude a déterminé que de nombreuses espèces de mammifères utilisent les champs magnétiques pour s’orienter dans leurs déplacements, et des chiens ont montré qu’ils étaient capables de s’orienter dans leur environnement grâce à leur capacité à percevoir et à interpréter des champs magnétiques.  

Conclusion 

Le sens du toucher tel que nous le concevons chez l’être humain est bien différent de celui de nos animaux de compagnie. Les humains ont par exemple une sensation du toucher extrêmement développée au bout de leurs doigts qui leur permet d’obtenir des informations sensorielles. Le sens du toucher du chien, en revanche, n’implique pas d’explorer le monde avec le bout de ses pattes pour obtenir des informations sensorielles. En lieu et place de nos doigts, le chien utilise d’autres techniques spécialisées comme le meilleur développement neuronal de son nez, son système vestibulaire et sa capacité à interpréter les champs magnétiques. Il est important de garder en tête que, même si les chiens traitent les sensations du toucher de manière différente, ils ressentent néanmoins la douleur et les bouleversements émotionnels que nous pourrions associer aux sensations du toucher. 

Vous voulez en savoir plus sur les sens des chiens et comment ils perçoivent leur environnement ? Alors découvrez les autres articles de Amy pour cette série sur les sens des chiens, ainsi que ceux de nos autres experts ! Vous pouvez aussi nous contacter pour nous poser vos questions ou rester informés en recevant nos derniers conseils, trucs et astuces, et FAQ en vous inscrivant à notre newsletter. 

Ressources complémentaires : 

Carlson, N. R. (2012). Physiology of behavior. Pearson Higher Ed. 

De Lahunta, A., Glass, E. N., & Kent, M. (2014). Veterinary Neuroanatomy and Clinical Neurology-E-Book. Elsevier Health Sciences. 

England, R. W. (2008). W. Lowrie 2007. Fundamentals of Geophysics, x+ 381 pp. Cambridge, New York, Melbourne: Cambridge University Press. Price£ 70.00, US 70.00 (paperback). ISBN 9780 521 85902 8; 9780 521 67596 3 (pb). Geological Magazine, 145(4), 601-602. 

Hart, V., Nováková, P., Malkemper, E. P., Begall, S., Hanzal, V., Ježek, M., ... & Burda, H. (2013). Dogs are sensitive to small variations of the Earth’s magnetic field. Frontiers in Zoology, 10(1), 1-12. 

Perez TE, Mealey KL, Burke NS, Grubb TL, Court MH, Greene SA. Relationship between the melanocortin-1 receptor (MC1R) variant R306ter and physiological responses to mechanical or thermal stimuli in Labrador Retriever dogs. Vet Anaesth Analg. 2017 Mar;44(2):370-374.